Et elle danse, éli.
Et elle cri, éli.
Elle est seule et Il est tard.
Et elle sautille, éli.
Et elle chantonne, éli.
Y’a personne, jamais un paroissien.
Jamais un chasseur d’étoile. Jamais un pêcheur. Jamais personne.
Toujours toute seule, la belle se crée sa bulle de bruit, bulle protectrice.
Mais il est là. Qui est-il ?
Un gamin. Un enfant. Un garçon. Une boucle. Une étoile. Une autre bulle.
Et elle se calme, éli.
Et elle s’approche, éli.
Tout doucement, pour ne pas l’effrayer.
T’es qui ?

Et il parle. Sasha.
Et il la regarde, le p’tit gars.
Et elle se tient là, Eli.
Et elle ne sait pas quoi dire, la p’tite fille.
Alors elle marque une pause.
Elle le teste du regard.
Elle sait qu’elle dérange.
Le pauvre, lui qui discutait avec l’univers.
Mais c’est peut-être l’univers qui lui répond.
Eli. J’m’appelle Eli.

l'univers qui répond à des boucles.
l'univers qui répond à des yeux clairs.
le bout d'univers d'éli qui répond à celui de sasha.
l'univers qui répond à ses prières.
l'univers qui répond à sa peau claire.
loin d'être intimidée, elle le regarde.
sourire aux lèvres.
étoiles dans les yeux.
bonheur sur le bout des doigts.
j'traine. et toi, cher sasha ?

elle sait pas où aller.
elle sait pas quoi faire.
alors elle traine.
elle ramène son corps jusqu'à Morphée.
pour s'offrir. se reposer.
mais il est là.
ce petit homme.
qui fait la nuit.
et elle est belle.
aussi belle que ses yeux bleus ciel.
tout seul ?

les autres sont nuls.
c'est ridicule.
la nuit c'est si beau. si doux. si tranquille.
elle rejette personne. elle ne montre aucun défaut.
elle enlace. elle calme. elle apaise.
la nuit est la meilleure amie. le paradis des mal aimés.
le jour... le jour est tyran.
et le soleil, pourtant, si chaleureux.
et éli s'assoit. sans demander.
elle se jette, elle rebondit.
et elle sourit.
tu me montres comment faire la nuit ?

et sa tête a le hoquet.
elle ferme les yeux et hoche sa caboche.
oui, oui, oui. les gens sont nuls, nuls, nuls.
c'est pour ça qu'il faut s'en éloigner, comme la peste.
sauf les gens beaux comme des garçons.
beaux comme des étoiles.
beaux comme la nuit.
beaux comme la vie.
beaux comme une douceur.
et sasha, l'es-tu ?
es-tu une douceur ?

et éli rougirait presque.
pourquoi cris-tu ?
pourquoi tu t'émerveilles.
j'sais plus où me mettre.
ben.. oui. tu me montres ?

elle rougit un peu et puis je crois que moi aussi (je sens un peu de chaleur qui grimpe jusqu'à mes oreilles... ça fait du bien)
bon. alors d'accord.
je réfléchis car je sais pas trop par où commencer... il y a tellement de choses à voir, la nuit, surtout quand elle est belle comme ce soir (je crois que c'est pas un hasard)
si tu veux, on peut essayer de grimper sur un des grands bateaux, ça te dit?

le rouge aux joues.
le noir comme décor.
la lumière de la lune dans l'eau.
les étoiles comme des lampadaires.
et son visage.
et ses cheveux.
et sa bouche qui parle, qui bouge.

les bateaux.
c'est là où elle devait se rendre, c'est fou.
elle baisse la tête, regarde la terre.
elle la retourne.
relève les yeux vers lui.
le regarde.
oui.
...
sinon y'a quoi d'autre ?
parce que pas vraiment le coeur à rentrer à la maison.
parce que, pas maintenant en tout cas.

j'ai l'impression que la lune brûle de plus en plus au fur et à mesure que l'on parle (comme si elle essayait de nous dire quelque chose)
je crois qu'elle n'aime pas trop les bateaux, peut-être qu'elle préfère garder les pieds sur la terre?? moi j'aime bien sentir la mer sous mes pieds et entendre l'écho des sirènes résonner dans mes oreilles... j'ai l'impression de flotter alors que sur terre parfois, je perds l'équilibre
sinon, on peut grimper sur les cabanes des pêcheurs? c'est assez haut mais tu verras, une fois là-haut la nuit est encore plus belle.