PSEUDO : MAËLLE AVATAR : LA TRUITE APPELS AU SECOURS : 34 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : VENUS FOURRURE
| Sujet: axolotl Ven 4 Sep - 20:50 | |
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Mon père me raconte une histoire sur des gens qui ne font rien, et qui s'ennuient à longueur de journée. Les personnages de ce livre sont des personnages vides, comme des coquillages sur la plage qui ont perdus leurs habitants. Dans leur carcasse en spirale, il y a un vide grand et infini. Ces mollusques sont jolis quand on les ramasse dans le sable mouillé, et quand on en fait des colliers pour nos mères, mais dans les histoires de mon père, ces vulgaires bouts de calcium n'ont rien d'intéressant. Ils sont l'Ennui, avec une lettre majuscule. Je n'ai jamais dit à mon père que ces histoires m'ennuyaient, mais je pense qu'il l'a saisi parce que je m'endormait avant la fin. C'est comme devant les films, toutes ces histoires d'amour ou de haine ne mènent à rien. Moi, je préfère les encyclopédies, ou les livres de fonds marins, où l'on découvre toutes les espèces de poissons qui peuplent les eaux. Les gros poissons, les petits poissons, les poissons multicolores, et les poissons à moustache. Ces poissons aux écailles nacrées me parlent plus que tout homme qui me salue le matin, et qui me dit être heureux que le soleil soit dans le ciel aujourd'hui. Je ne l'ai jamais dit à personne, mais je comprend le langage des poissons, celui des bulles qui sortent de leur bouche et qui éclatent en fin de vie. Dans ces bulles d'air, il n'y a rien que de l'air. Et c'est là la clé de leur langage. Les poissons ne disent rien, et c'est pour cela que je comprend ce qu'ils disent. Sur l'étalage du poissonnier, ils sont encore plus muets. Pourtant, à moi, il me raconte beaucoup de choses avec leurs yeux vitreux. J'y vois une vie paisible dans les fonds marins jusqu'au jour où, appâté par la larve au bout du fil de nylon, le poisson se fait éjecter de la mer, et meurt d'asphyxie. Moi aussi, j'ai été un poisson. Un comme ceux que j'ai vu, un jour, à l'aquarium de ma ville. Un poisson rose, prisonnier dans son corps de larve, sans rien d'autre que sa peau translucide sur le dos. Dans l'espace restreint que l'on m'avait accordé, je ne pouvait faire ni de grands mouvements, ni des pirouettes et autres galipettes qui m'auraient dérouillé ce corps problématique que l'on m'avait attribué. A cette époque, j'avais de petits yeux d'or, cachés sous mes grosses paupières roses. Maman disait que j'étais son petit trésor. Aujourd'hui, tout a disparu : mes branchies qui me permettaient de respirer sous l'eau, mes écailles qui parsemaient ma peau et mes palmes au bout de mes extrémités. Je me sens comme un vrai humain, et pourtant je suis toujours un poisson. Maintenant que je peux bouger librement, je m'amuse à faire des grands gestes, à courir en rond, à bouger dans tous les sens, à m'exciter sur mon sexe. Et quand ma mère me dit que je suis trop agité, je retrouve mon corps d'axolotl. Immobile, paralysé, prisonnier.
Sur la plage, il n'y a jamais foule. Alors, je me cache entre les dunes, et souvent je me branle. Je me branle avec tellement de passion, que parfois je joui, là, entre les dunes de sable, en face des nageurs et des gens qui promènent leur chien. Je lâche un cri aigu, et fait fuir les mouettes.
Parce que les gens se demandent ce que je fais, assis sur la plage tout au long de la journée, au lieu de leur mentir et de dire que j'ai une passion pour les châteaux de sable, j'ai avoué à un copain que j'attendais le rayon vert, alors depuis je l'attends vraiment.
A mes pieds, il y a un coquillage. J'aimerai passer dans le trou du crustacé, me glisser dedans comme sur un toboggan, puis passer le col de la première valve et atteindre le cœur du coquillage. Me réfugier là-dedans comme dans une cabane de couvertures que j'aurai créé dans mon salon. Dans mon coquillage, il fera chaud, et le monde serait fait d'une seule couleur banc-orangé, j'y entendrais le bruit des vagues comme s'il était dans mon sein et je pourrais y dormir tranquillement sans être dérangé. Car sur la plage, il y a toujours des passants qui viennent me réveiller, lorsque je suis enseveli sous le sable, qui m'a momifié contre le temps. Ils viennent me voir et me secoue l'épaule, parce qu'ils pensent que je suis mort – tué par mon amant diabolique, qui n'a laissé sur la plage que mon corps inerte d'amoureux passionné et les traces de ses pas qui se sont en allé.
A force d'attendre, peut être que moi-même, je deviendrai un fossile. Un fossile fossilisé parmi les fossiles et les carcasses de bateaux usés. - Code:
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[i]john tuite / louison[/i] |
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PSEUDO : NEPT237/KELYNN AVATAR : DYLAN APPELS AU SECOURS : 272 DEPUIS LE : 21/02/2015 CRÉDITS : SOAPFLAWS
| Sujet: Re: axolotl Ven 4 Sep - 20:57 | |
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PSEUDO : MAËLLE AVATAR : LA TRUITE APPELS AU SECOURS : 34 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : VENUS FOURRURE
| Sujet: Re: axolotl Ven 4 Sep - 21:03 | |
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PSEUDO : NEPT237/KELYNN AVATAR : DYLAN APPELS AU SECOURS : 272 DEPUIS LE : 21/02/2015 CRÉDITS : SOAPFLAWS
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PSEUDO : MAËLLE AVATAR : LA TRUITE APPELS AU SECOURS : 34 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : VENUS FOURRURE
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PSEUDO : weerasethakul. AVATAR : amandla. APPELS AU SECOURS : 30 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : moi-même.
| Sujet: Re: axolotl Ven 4 Sep - 23:12 | |
| dommage que tu ressembles pas à un axolotl, tu serais plus sexy. |
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PSEUDO : MAËLLE AVATAR : LA TRUITE APPELS AU SECOURS : 34 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : VENUS FOURRURE
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PSEUDO : PAPILLON AVATAR : SAUCHANKA APPELS AU SECOURS : 25 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : RAMSEY
| Sujet: Re: axolotl Ven 4 Sep - 23:17 | |
| j'ai adoré lire ta fiche, vraiment vraiment. c'est doux et beau et lourd-léger. bravo. |
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PSEUDO : weerasethakul. AVATAR : amandla. APPELS AU SECOURS : 30 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : moi-même.
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PSEUDO : MAËLLE AVATAR : LA TRUITE APPELS AU SECOURS : 34 DEPUIS LE : 04/09/2015 CRÉDITS : VENUS FOURRURE
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