Les lueurs de l'aube apparaissent doucement dans la chambre de Maëdy, qui vient de se réveiller en sursaut après une série de rêves désagréables. Elle essaie de se rendormir en vain. Très vite, une sensation familière s'empare d'elle. La boule noire est là, prête à l'engloutir de nouveau. Des larmes jaillissent sous ses paupières et ses entrailles se resserrent. Maëdy glisse sa main sur sa table de chevet et cherche à tâtons sa boite de somnifères. Elle soupire à la vue des comprimés blancs et les balance violemment à l'autre bout de la pièce. Ça ne sert à rien de toute façon. Les somnifères ne tuent pas les angoissent, ils les retardent simplement. Le visage toujours brouillé de larmes, Maëdy se lève, enfile un jean, un t-shirt et un vieux pull avant de sortir en courant de la petite maison toujours silencieuse. Instinctivement, elle prend la direction du vieux port. Elle aime les vieux bâteaux. Elle trouve qu'ils lui ressemblent : seuls, abandonnés, les voiles déchirées.
Elle grimpe sur un des bateau au hasard, l'un des plus accessibles. Elle court au-devant et s'effondre sur le sol de bois abîmé. Devant elle, le soleil levant se reflète sur l'océan malade. Ce matin, Maëdy ne veut pas vivre. Elle voudra se laisser mourir, là, sur le bateau, devenir bois et attendre que les vagues l'engloutissent définitivement. Elle ne pleure plus, mais ses yeux sont encore rouges, sa respiration encore saccadée. Elle observe l'horizon et se demande encore si elle pourra un jour le rejoindre.
Et puis des bruits de pas viennent briser ce silence matinal. Mais Maëdy l'entend à peine, le regard perdu dans l'océan.