Peut-on parler de maison alors que l’on y est pas venu depuis des mois ?
Sept mois, c’est long.
Deux mois, c’est si court.
Peut-on être amoureuse en si peu de temps ?
Quelques jours, quelques heures, quelques battements de cœur.
Juste ce qu’il faut pour croire en l’amour.
Juste assez pour offrir à quelqu’un une magnifique raison de vivre.
Vivre.
Peut-on vivre pour quelqu’un d’autre ?
A travers un autre ?
Non.
C’est malsain. C’est mal. C’est pas sain.
Ravise-toi. Ressaisis-toi.
Eli, qu’est-ce que tu fais ?
Pourquoi t’es là ?
Pourquoi tu regardes la mer, nostalgique ?
Pourquoi…
Et la pauvre enfant, Elina, elle est là. Assise là où ils se retrouvaient.
Oli.
Et elle regarde là où il s’asseyait. Là où il y avait leur lumière.
Autre que le soleil, autre que la lune, autre que les étoiles.
Une bougie, sa flamme vacille.
Elle est toujours là. Une bougie rouge, rouge comme l’amour.
Enfoncée dans le sable.
Loin de l’eau, bien protégée.
Les vagues se cognent contre le sable.
Roulent et s’effacent. Adieu.
Le soleil est sur le point d’aller dormir.
D’aller réveiller l’autre monde.
Bientôt le ciel sera peinture.
Et pour l’instant c’est tristesse sur le visage de la belle.
Et la flamme vacille.

élina?
élina, t'es là?
élina, reviens-moi.
s'il te plait, reviens-moi.
tu me manques encore plus chaque jour qui passe. tu me manques encore plus la nuit, la nuit, quand le ciel se couvre de son voile si noir. tu me manques et j'ai si peur; si peur de t'avoir perdue, si peur de ne plus jamais te revoir, si peur de ne plus jamais te murmurer à l'oreille que je t'aime, comme un fou, comme
élina, s'il te plait, réponds-moi.
j'ai beau envoyer mille et une bouteilles à la mer, espérer te revoir assise sur le voilier, revenant d'un long voyage, fatigué, épuisé mais rentré.
élina, élina, éli
le sable glisse entre ses doigts, si doux, trop fragile. au loin, le jour s'évanouit. l'océan mer avale le feu, la flamme. il se noit, ici,
devant toi,
des cheveux d'or, le goût du miel,
une peau salée,
parfois sucrée,
un rêve;
oli s'assoit.
- tu n'es qu'un rêve, une hallucination. t'es jamais revenue et tu ne reviendras jamais.
il tourne la tête vers celle qui fait accélérer le boum de son cœur et la regarde, la regarde, la regarde, encore,
toujours.
- je l'ai construit quand tu es partie. (bateau un peu bancal)  j'aurai aimé te l'offrir avant que tu ne disparaisses. prends-le, prends-le et envole-toi. ton horizon, vers ton nouveau soleil.

La flamme vacille.
Est-ce le vent ?
Est-ce un fantôme ?
Qui est là ?
Est-ce toi ?
Oli ?
J’ai si froid sans toi. Le vent est glacial. Le sol est gelé. Le sable est neige. Le ciel fond.
Quand reviendra l’été ?
Quand reviendras-tu me réchauffer ?
J’ai tant besoin de toi, de ta chaleur, de ta lueur.
Accompagne la bougie. Embrasons-nous. Réchauffons-nous.
Passons l’hiver au soleil.
Passons cette période maudite au coin de la cheminé.
Un bruit. Une voix. Un cœur qui bat. Fort. Fort. Si fort qu’il s’envolerait presque.
Qui…
Elle est pas venue par hasard. Si elle est ici, assise devant la nuit, c’est pour lui.
Alors ce bruit. C’est un signe d’ailleurs, de tout là-haut.
C’est du bonheur auditif. Un cœur qui bat, à nouveau. Et elle s’envole.
C’est un rêve. Et elle ne ferme pas les yeux, sous aucun prétexte.
Les mirettes grandes ouvertes, immobile, plongé dans les couleurs flamboyantes du ciel.
Rouge, orange, rose, violet, bleu mer.
Elle se souvient.
Rêve. Fantôme d’un amour passé.
Est-ce toi ? Jure moi que c’est toi.
Oli. Oli ? Oli !
Si je suis un rêve, qu’es-tu ?
Chimère, fiction, folie ou douce hallucination ?
Un mirage, il fait pourtant si froid.
Ce ne doit être qu’un songe bercé par la mélodie de la mer.
Vogue, vogue et réveille-toi.
Oli.
Et sa voix se brise contre les vagues. Couverte par le boucan de l’étendue bleu, seule maitre à bord.
Timidement, tout d’abord la tête baissée, Eli pivote.
Et elle le voit. Elle le regarde, le redécouvre.
Un sourire, celui d’autrefois.
Il est là.
Oli.
Et la mer s’invite au bord de ses yeux. La marée monte. Inondation.
J’suis rentrée.