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 spleen. (joe)

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MessageSujet: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyJeu 26 Fév - 20:03


    Aujourd'hui
    j'ai
    rien
    fait.
    Je suis restée allongée sur mon lit d'hôtel,
    et j'ai regardé le plafond.
    A force de pas bouger, pas même pour manger,
    j'ai vu sur le blanc sale des étoiles, des comètes, des constellations entières.
    Ça doit être les yeux hallucinés qui reviennent.
    J'ai rien foutu, juste attendu.
    Rien fait, à part attendre Joe.
    Attendre ses visites-éclair, qu'il m'accorde comme un prince, entre deux sorties avec Noki.
    Ce gosse serait son vrai fils que je serais pas étonnée.
    Si ça se trouve, c'est ça, et Joe l'a pas dit à Noki.
    Et il ose pas me le dire à moi,
    parce qu'avoir un fils qui a presque l'âge de son amoureuse, c'est un peu nul.
    Mais avec qui il l'a fait, Noki ?
    Sûrement pas avec la mer, y a longtemps que Joe la regarde plus.
    Y a longtemps qu'il lui tourne le dos, accoudé au bar comme il est.
    Soupir.
    J'en ai marre d'attendre.
    J'ai passé ma vie à ça et j'en suis déjà fatiguée.
    Je voudrais que Joe trouve le temps de me voir, de venir.
    Moi, je ne veux pas aller là-bas.
    Pas tant que Noki occupe ma chambre
    (enfin mon ancienne, parce qu'après un temps, j'ai déménagé mes affaires dans celle de Joe).
    Mais non, Joe doit être occupé avec bébé Noki.
    Il doit sûrement l'aider à monter une bibliothèque, regarder un film avec lui ou parler de la vie.
    Tout ce que Joe fait quand il ramasse un gosse.
    Il l'a déjà fait avec moi, et il a fini par tomber amoureux.
    Pourvu qu'il tombe pas de moi à Noki.
    S'il vous plaît les étoiles du plafond, faites que Joe aime pas Noki.
    Qu'il le garde chez lui le temps que Noki se remette sur pieds, puis qu'il s'en aille.
    Comme ça, moi, je peux revenir dans les bras de Joe.
    Mais je crois que les étoiles m'écouteront pas trop.
    Je suis pas assez gentille pour ça.
    Toc toc.
    Je lève la tête, puis mon corps.
    Je me traîne jusqu'à la porte.
    Je vois qu'un grand géant au coeur encore plus énorme.
    Peut-être que les étoiles m'écoutent, finalement.
    Les étoiles, je vous aime.
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James

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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyJeu 26 Fév - 20:32

Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vue, ma belle Babsi.
Ma belle Babsi qui m’en veut jour après jour et qui jour après jour s’éloigne un peu plus de moi. Je crois qu’elle serait capable de reprendre la route, avec son sac à dos vide sur les épaules, ses chaussures en mauvais état. Elle serait même capable de partir en bateau, comme pour me narguer. Comme pour me dire, toi t’es même plus capable de regarder la mer.
Tout va bien tant qu’elle ne me demande pas de faire de choix.
Parce que le jour où elle me dira c’est Noki ou c’est moi, c’est moi qui m’en irai. J’aurai trop la frousse de leur faire du mal à tous les deux.
J’ai mis une jolie chemise et un pantalon propre pour aller la voir. J’ai essayé d’effacer les cernes sous mes yeux avec mes pouces et mon index mais ils sont toujours là. Tant pis. Je traverse le village, les mains dans les poches de mon manteau. J’espère que je verrai son sourire, les étoiles dans ses yeux. J’espère que je vais rencontrer la chaleur de sa peau, la courbe de sa bouche. J’espère qu’elle va être heureuse, j’espère qu’elle n’aura pas trop de rancœur.
J’espère beaucoup (trop) avec Babsi.
Pas un œil pour les bateaux, pas un œil pour la mer, encore moins pour les oiseaux et le ciel. Je vais vite, je n’aime plus les regarder. Celle qui me fait voyager se trouve à l’étage du vieil hôtel. Je grimpe les escaliers et mon cœur bat aussi fort que le coup de ma main contre la porte de sa chambre.
Elle apparaît à la porte.
Ses yeux sont tristes, son visage pâle, ses cheveux en bataille.
Oh ma belle Babsi
Je referme la porte derrière moi et je viens enlacer son corps tout maigre, son tout petit corps. Je caresse ses cheveux avec mes grandes mains. Ma bouche vient embrasser le sommet de son crâne et je respire très fort ses cheveux. Je relâche mon étreinte puissante et je prends son visage entre mes paumes.
- Dis-moi qu’t’es pas en colère aujourd’hui, dis-moi que ça va …
Dis-moi qu’aujourd’hui je vais te voir sourire, t’entendre rire ; dis-moi qu’aujourd’hui ta main reposera dans la mienne, que tu seras un peu heureuse ; dis-moi qu’aujourd’hui on parlera de tout sauf de Noki, peut-être de notre futur mariage, de nos futurs enfants ; dis-moi que tout va bien aller, réapprends-moi comment aimer la mer et les oiseaux …
J’ai besoin de rêver avec toi, Babsi.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyVen 27 Fév - 0:37

    J'ai un sourire illuminé aux lèvres.
    Mon esprit retient pas ses cris de joie.
    Joe Joe Joe Joe Joe [...] Joe Joe Joe.
    Il me serre contre lui, emprisonne ma carcasse dans l'étau puissant de ses bras.
    Je sens ses lèvres sur ma tête.
    Joie.
    Bonheur.
    J'avais oublié à quel point j'aime être touchée par Joe, combien j'aime qu'il se promène sur mon corps.
    Contre lui, je me sens protégée de tout, même des Noki-envahisseurs.
    Puis Joe me lâche, et j'ai un peu froid.
    Mais il est jamais loin, et ses grandes mains de géant viennent encadrer mon visage.
    Joe, c'est pas des mains qu'il a, c'est des grands battoirs.
    Sauf qu'à la place de battre, il caresse, il aime.
    Je ferme les yeux un instant, je respire son odeur d'homme.
    Je l'aime, je l'aime, je l'aime.
    J'ouvre les yeux, il est toujours là, il me regarde et me pose une question qui n'en est pas une.
    Est-ce que ça va ? Est-ce que je suis moins en colère après lui, après Noki ?
    Non.
    Mais je vais mentir, parce que ça fait longtemps que je l'ai pas vu, et que je me demande encore comment j'ai pu tenir toutes ces années sans me réveiller à ces côtés.
    - Ça va. J'me suis fatiguée à rien faire, c'est pas mal, on devrait essayer ensemble.
    Je me dresse un peu sur la pointe des pieds et embrasse ses lèvres, perdues dans l'océan de sa barbe.
    Sa barbe aussi je l'aime. Elle est toujours douce, toujours bien entretenue.
    - Tu m'as manqué, très très fort. J'ai cru que j'allais pas y survivre tu sais.
    Je vais pas avouer que je regrette presque d'être partie. Mais en même temps...
    Je regrette vraiment.
    J'étouffais un peu chez Joe, j'avais l'appel de la route dans les oreilles, mais le désastre du retour m'a tout de suite coupé les jambes, coupé l'envie de repartir un jour.
    Avec un petit rire sorti de nul part, je m'échappe de ses mains et je tourne un peu sur moi-même, bras écartés, jusqu'à retomber sur mon lit.
    - Viens avec moi, on se met sous la couette et on regarde les étoiles. Tu veux ?
    Bien sûr qu'il les verra pas les étoiles, mais c'est pas grave.
    Je les tracerai dans l'air pour lui,
    et elles iront s'imprimer dans ses pupilles.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyVen 27 Fév - 19:18

- Ça va. J'me suis fatiguée à rien faire, c'est pas mal, on devrait essayer ensemble.
Je hoche simplement la tête. J’irai boire la mer pour elle. Je pourrais lui dire que moi aussi je ne fais rien dans mon coin, que moi aussi ça m’arrive de rester toute l’après-midi à regarder le fond de mon verre et à réfléchir avec mon regard vitreux. Mais je veux pas qu’elle me voit comme ça, qu’elle me devine sous mes traits les plus laids, de ceux que je voudrais effacer en fermant les yeux. Mais Babsi doit déjà le deviner, que je suis pas tant un chouette type que ça. C’est vrai, elle a une partie d’elle qui ne me supporte pas parce qu’une partie de moi l’a laissée à l’hôtel.
Elle s’élève vers mon visage et m’embrasse.
Notre baiser a un parfum sourire.
- Tu m'as manqué, très très fort. J'ai cru que j'allais pas y survivre tu sais.
Ça me tord un peu le ventre quand elle me dit des choses comme ça. Mais je crois que ça veut dire qu’elle tient un peu à moi, quand même. Qu’elle pense à moi malgré ce qui la tourmente.
- Je suis désolé …
Désolé de devoir attendre que Noki s’en aille pour aller te voir. Désolé d’être un pauvre gars à qui il reste plus rien. Désolé d’être un Joe presque éteint. Mais elle va me rallumer, la Babsi, avec ses mains et sa bouche elle va faire naître des étoiles un peu partout dans ma tête, dans mes yeux et dans ma barbe.
Elle s’en va, tournoie sur le plancher et se laisse tomber comme un bel oiseau sur le lit.
- Viens avec moi, on se met sous la couette et on regarde les étoiles. Tu veux ?
Je fais oui avec la tête.
- Oui, oui, tout ce que tu veux.
Babsi je sais un peu comment la rendre heureuse, comment la faire oublier. Je sais qu’il faut que je me laisse aller vers elle, que je lui dise oui et parfois non, que je lui donne l’impression de voyager quand elle est dans mes bras.
Je retire mes chaussures et mon manteau.
J’avance vers la plus belle des fées et je me penche sur son beau visage, son visage de gamine, de presque adulte. Et là je pense t’es qu’un con Joe, faudrait vraiment que t’arrêtes de récupérer des gosses dans la rue, ça va t’attirer des emmerdes.
Oui mais faut la voir, Babsi … faut la voir …
Mes pouces caressent ses joues et je l’embrasse et je retrouve sa langue limonade.
Je m’allonge à côté d’elle, sur le dos.
- Tu me les montres tes étoiles ? Qu’est-ce que je dois faire déjà, pour les voir ? Ouvrir très grand les yeux et imaginer que le plafond, c’est la nuit, c’est ça ?
Babsi et moi on faisait des jeux, comme ça, quand elle habitait à la maison.
Après l’amour, après l’alcool, après l’herbe.
Elle courait presque nue dans la maison en nous imaginant pirates, aventuriers, cosmonautes, chevaliers … Le lit était le bateau, le château … Le reste de la maison c’était la jungle, la forêt, la mer, les requins, les méchants. Une gamine et un grand enfant.
Et nos rires hallucinés.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptySam 28 Fév - 3:57

    Joe me rejoint, et j'ai le coeur guimauve.
    Il m'embrasse encore, et je perds un peu mon souffle.
    J'ai l'impression de courir un marathon quand je suis avec lui.
    Plus de souffle, plus de jambes, bientôt plus de coeur.
    Qu'est-ce que je vais devenir, si je continue à vivre avec Joe.
    Une fille mécanique, branchée de partout pour continuer à exister.
    Branchée à Joe.
    J'aimerai bien, je crois.
    Je le regarde bien, son visage un peu buriné par les vents marins,
    ses yeux couleur bois, du bois qu'on utilise pour faire les bateaux.
    Eux, y a longtemps que Joe les fréquente plus.
    Ça me rend un peu triste pour lui, je crois qu'il les aimaient bien, avant.
    Maintenant, il les regarde comme des vieux ennemis, et je suis encore plus triste.
    Alors quand il s'allonge à côté de moi, je me love contre lui, contre son corps de grand.
    - Tu me les montres tes étoiles ? Qu’est-ce que je dois faire déjà, pour les voir ? Ouvrir très grand les yeux et imaginer que le plafond, c’est la nuit, c’est ça ?
    Je réponds pas tout de suite, je veux prendre le temps de m'installer comme je veux, dans les bras de Joe. Alors je me tourne sur le flanc, avec un bras replié sous moi, et l'autre posé sur le ventre de mon amoureux.
    Je regarde ma main qui se soulève au rythme de sa respiration, et je louche un peu. Ça me donne l'illusion que la bague que je porte habituellement au majeur, elle est passée à l'annulaire.
    Ça me plaît.
    - Moi ça fait des heures que je les regarde, alors si tu veux je te les racontes. Ça sera plus simple, on a pas le temps qu'elles viennent à toi avant que tu repartes.
    C'est pas tout à fait une accusation. J'ai pas dit avant que tu rentres voir Noki.
    Avec toute cette histoire, moi j'ai l'impression d'être une maîtresse planquée, obligée d'attendre à l'hôtel que son amant trouve le temps de venir la visiter, entre deux absences de sa femme Noki.
    Je glisse ma main sous la chemise de Joe, et elle remonte jusqu'à son épaule. Je trace du doigt le tatouage qui s'y trouve. Je le sais par coeur, depuis le temps que je m'y repose.
    - Tu vas voir, c'est super facile. Tu fermes les yeux, et là, tu vois que du noir. Tu le vois, c'est bon ? Un peu partout, y a des tâches colorées, des trucs très brillants, rouge, bleu, blanc, jaune. Y a pas de vert, j'aime pas cette couleur. Et tu vois, les tâches, elles scintillent, ça fait un peu un arbre de Noël... On pourra fêter Noël ensemble la prochaine fois ?
    Ça fait longtemps qu'on a pas fait Noël ensemble, et même si on s'offre rien du tout, je m'en fous.
    Noël, j'aime juste à cause du jeu des guirlandes lumineuses qui se reflètent dans le regard de Joe,
    et me donne l'impression que les étoiles de ses yeux sont pas tout à fait mortes.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptySam 28 Fév - 13:00

Babsi ne répond pas tout de suite, non. Elle garde ses mots pour plus tard. À la place, elle se love contre moi et sa main repose sur mon ventre. Je baisse les yeux sur ses cheveux. Une main vient recouvrir la sienne et l’autre fait des trajets entre sa nuque et ses cheveux, de façon presque mécanique, comme une habitude. J’ai l’impression que je pourrais rester une bonne partie de ma vie ainsi, à ne rien faire, à seulement garder Babsi contre moi, à l’entendre respirer et parler de temps en temps, sentir sa nuque chaude sous la paume de ma main, imaginer de jolies choses pendant quelques heures et quelquefois s’embrasser pour se montrer qu’on s’aime.
- Moi ça fait des heures que je les regarde, alors si tu veux je te les raconte. Ça sera plus simple, on a pas le temps qu’elles viennent à toi avant que tu repartes.
Avant que tu repartes.
Ça me serre un peu le cœur. Qu’est-ce que je peux répondre à ça ? Rien. Je peux seulement m’écraser sous ses mots assassins qui blessent, encore et encore. Et en même temps je n’arrive pas à lui en vouloir parce que je sais, je sais à quel point elle doit avoir l’impression que je l’aime moins, à quel point elle estime que c’est injuste. Je sais aussi que tous les jours elle se demande pourquoi lui et pourquoi pas moi, pourquoi Noki et pas Babsi.
J’aimerais pouvoir répondre. Mais voilà, j’en suis incapable. C’est juste qu’elle a préféré reprendre la route et moi j’avais besoin qu’on m’aide à tenir debout encore quelques temps … Noki l’a fait quand elle s’est enfuie pour rejoindre sa véritable amoureuse.
- Tu vas voir, c’est super facile. Tu fermes les yeux, et là, tu vois que du noir. Tu le vois, c’est bon ?
Je ferme les yeux.
- C’est bon.
Cette fille me ferait faire absolument n’importe quoi.
- Un peu partout, y a des tache colorées, des trucs très brillants, rouge, bleu, blanc, jaune. Y a pas de vert, j’aime pas cette couleur. Et tu vois, les taches, elles scintillent, ça fait un peu arbre de Noël … On pourra fêter Noël ensemble la prochaine fois ?
Je ferme très fort les paupières et j’essaie d’apercevoir les taches multicolores, je les imagine et elles dansent, elles n’arrêtent pas de bouger, elles remuent dans tous les sens et c’est un joli spectacle.
- Oui on fêtera Noël ensemble, je te le promets. Tu peux même commencer à me faire une liste de cadeaux …
Du moment qu’elle ne me demande pas de mettre Noki à la rue.
J’espère sincèrement qu’un jour elle l’acceptera, qu’elle arrêtera de le traiter comme un rival parce que … ils n’ont rien à voir.
- Tu sais Babsi … Noki c’est un peu comme mon gosse. Et jamais de la vie je pourrais choisir entre toi ou lui parce que tous les deux vous êtes tellement, tellement importants pour moi. Tu sais, il faut que tu comprennes ça …
Je continue de caresser la pente de sa nuque.
Il faut pas qu’elle s’énerve. Il faut pas qu’elle s’énerve. Il faut pas qu’elle s’énerve …
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyMar 3 Mar - 0:06

Sous les caresses de Joe, je me détends un peu.
Sa main dans ma nuque, qui va et vient doucement, ça m'apaise, ça calme la colère que je sens bouillir sans cesse au creux de mon ventre, au fond de ma gorge, dans un coin de ma tête. Sa main calme mes maux, mes mots, et je me fais toute molle contre lui.
Je m'en étais pas rendu compte, mais j'attendais le moment où il me dirait tu sais Babsi, je reste pas longtemps, juste le temps de t'embrasser une fois, deux, de te demander comment ça va, et puis je repars, je retourne voir Noki.
Mais Joe a pas fait ça, pas dit ça.
Merci.
A la place, il se prend à mon jeu, suit mes directives. Je le vois qui ferme les yeux, je le vois qui cherche les étoiles derrière ses paupières, je vois l'ombre de sourire qui plane sur ses lèvres quand il les aperçoit, enfin...
- Oui on fêtera Noël ensemble, je te le promets. Tu peux même commencer à me faire une liste de cadeaux …
Je souris bêtement, parce que je sais ce que j'ai envie de lui demander. Un tour du monde en quatre-vingt jours, une virée à vingt mille lieues sous les mers, un voyage au centre de la Terre... Et ma place là-bas, chez lui. Mais ça, je l'aurai pas, je le sais déjà. La chambre est prise, et même si je dors avec Joe, que c'est plus la mienne, j'ai envie de la garder libre pour un nouveau bébé de Joe, mais pas un qu'il aurait trouvé dans la rue, un qu'on aurait fait ensemble, parce qu'on serait réconciliés, qu'on s'aimerait à nouveau comme avant.  
- Tu sais Babsi … Noki c’est un peu comme mon gosse. Et jamais de la vie je pourrais choisir entre toi ou lui parce que tous les deux vous êtes tellement, tellement importants pour moi. Tu sais, il faut que tu comprennes ça …
Ma main dans sa chemise se crispe un peu et je le griffe sans le vouloir. Mais pourquoi tu parles de lui, Joe ? Tant que Noki restait dans ma tête, que je pouvais décider ou non de le sortir de là, de le mettre entre nous, c'était bien, c'était mieux, parce que aujourd'hui, j'avais pas envie de me battre. Mais maintenant ? Il est là, il s'étire doucement et me regarde avec ses grands yeux innocents, purs, comme s'il comprenait pas pourquoi je l'aime pas, pourquoi je le supporte pas. Et je peux pas rester silencieuse, parce que j'aurai l'air de capituler, d'accepter sa présence. Et ça, je peux pas.
- Mais si tu l'avais pas trouvé, pas ramené, il serait pas devenu important, puisque tu l'aurais jamais connu. Et moi, quand je serais revenue, j'aurai juste eu à me glisser dans ton lit, pendant que tu dormais, et au réveil j'aurai dit salut, c'est Babsi, tu m'aimes encore ? Parce que moi oui, je t'aime encore, mais pas quand t'es coupé en deux comme ça, entre Noki et moi... Je veux pas d'un demi-Joe, ça m'intéresse pas.
Je reste calme, enfin j'essaie, parce que la main de Joe caresse toujours ma nuque, et parce qu'il doit pas avoir envie de se disputer avec moi, comme j'ai pas envie de me disputer avec lui. Pas aujourd'hui. Pas quand on est bien, sous les étoiles, à toucher le corps de l'autre, d'un contact léger, comme avant, avant que je parte.
Est-ce que c'est ma faute, si Noki est là ? Est-ce que, si j'étais pas repartie sur la route, Joe se serait laissé attendrir par le Noki abandonné par la vie qu'il a trouvé dehors ? Peut-être que si j'étais restée, moi aussi j'aurai laissé Noki entrer, venir se loger entre nous, moi aussi j'aurai dit quelque chose comme Noki c'est un peu comme mon gosse, et alors, je serais pas ici, à attendre que Joe me rejoigne. Je serais là bas, avec eux. Bien, tranquille, heureuse.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyMar 3 Mar - 19:15

Ses doigts se serrent très fort sur ma peau et je sens ses ongles qui s’enfoncent sur mon ventre. Mon dos se cambre un peu et je me crispe, les lèvres serrées. Je le savais, c’était obligé. Babsi c’est un volcan, Babsi ne reste jamais bien calme trop longtemps. Et je suis désolé parce que c’est toujours moi qui réveille le volcan, consciemment ou inconsciemment. J’ai toujours une pensée qui divague ou un mot de travers et ça la fout en colère, ça la fait s’énerver. Elle est comme ça, Babsi. Mais c’est comme ça que je l’aime aussi. C’est que j’aime voir des flammes lécher le fond de ses yeux, c’est que j’aime regarder ses joues rosir sur les mots comme des couteaux. J’aime aussi le défi de pouvoir la calmer, de pouvoir bercer le volcan jusqu’à ce qu’il s’endorme de nouveau.
Avant la prochaine éruption.
- Mais si tu l'avais pas trouvé, pas ramené, il serait pas devenu important, puisque tu l'aurais jamais connu. Et moi, quand je serais revenue, j'aurai juste eu à me glisser dans ton lit, pendant que tu dormais, et au réveil j'aurai dit salut, c'est Babsi, tu m'aimes encore ? Parce que moi oui, je t'aime encore, mais pas quand t'es coupé en deux comme ça, entre Noki et moi... Je veux pas d'un demi-Joe, ça m'intéresse pas.
Je prends une profonde inspiration.
Un grand bol d’air.
Je la repousse, gentiment pour ne pas la froisser de trop, et je me lève. Je fais les cent pas pieds nus sur le parquet de la chambre parce que j’ai besoin de réfléchir et marcher m’aide à réfléchir. Et au moins je suis loin de ses mains qui seraient capables de me donner des coups. Et moi je veux jamais avoir à lui rendre des coups.
- Tu comprends pas …
J’ai la voix d’un homme faible et désemparé. Je lui renvoie cette image du pauvre type que je suis, ce garçon trop faible, jamais assez fort, jamais assez rien. Juste un type qui se donne des airs de costaud avec ses bras un peu épais et sa barbe un peu épaisse elle aussi.
- Mais je ne suis PAS coupé en deux, je suis coupé en rien du tout. Je suis entier, un seul. Je suis Joe, celui d’avant, de maintenant, et celui d’après. Ce que tu comprends pas c’est qu’il s’est passé des choses pendant que t’es partie. Moi j’avais besoin de quelqu’un, j’avais besoin d’une béquille, de quelque chose de plus fort que moi pour que je tienne debout. T’es partie et lui est arrivé … Mais il ne t’a JAMAIS remplacée. C’est juste que j’pouvais pas. J’pouvais pas le laisser crever sur les pavés … J’pouvais pas …
Oh mais si je l’avais laissé … Je m’en serai mordu les doigts toute ma vie, j’aurai même plus supporter me voir dans un miroir, ni m’entendre parler, ni me savoir exister. J’aurai été le pire des cons, la plus grosse enflure que la terre ait jamais connue.
Je retourne vers elle et je tiens très fort son visage entre mes paumes, comme tout à l’heure, mais avec les doigts un peu plus fermés autour des angles de son si joli visage.
- Tu l’sais qu’je t’aime, hein ? Tu l’sais, ça ?
J’ai la voix qui tremble.
Pauvre type pauvre type pauvre type pauvre type (…)
Mais elle doit bien le savoir, Babsi. Que je l’aime. Que jamais de la vie je la remplacerai. La preuve quand elle s’est barrée j’aurai pu arrêter de l’aimer, j’aurai pu aller chercher de l’affection auprès d’autres filles, des moins chiantes, des moins explosives, des moins ceci, des moins cela. Mais les autres filles je les vois en noir et blanc alors que Babsi, ma Babsi elle est toute en couleur.
C’est un putain de feu d’artifice qui transforme mes yeux en diabolo-Babsi, en limonade, un truc un peu incroyable qui rameute pas mal d'étoiles et qui font la fête au fond de mes pupilles.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyJeu 5 Mar - 2:16

Bien sûr, que je blesse Joe. Avec chaque mot, chaque regard, je trace des plaies un peu plus profondes à chaque fois.
C'est comme ça, j'y peux rien. Noki, j'en veux pas chez nous, entre nous, dans la chambre que je gardai précieusement pour nos gosses à nous, pas ceux que les autres abandonnent parce qu'ils sont trop lourds à porter. Les gosses comme Noki. Et puis c'est difficile de se dire que juste après mon départ, dès que j'ai eu le dos tourné et les yeux sur la route, Joe a ramené quelqu'un. Pas une fille, ça s'il l'avait fait, je l'aurai tué. Un garçon, à peine moins vieux que moi, mais toujours trop jeune pour Joe. Un garçon fragile, un garçon fée, avec des doigts lumineux, j'ai entendu dire. J'en aurai pleuré, si la route m'avait pas déjà toute asséchée.
Regarde, là, on voit bien que je le blesse Joe, parce que quand il se lève pour s'éloigner de moi et marcher dans la chambre, je vois son cœur qui saigne. Qui pleure aussi un peu, à force de m'entendre dire fais le dégager, fais le partir, fais le s'en aller. Il doit être un peu fatigué de ça, parce que ça s'ajoute à sa vie pas toujours facile, aux bateaux qui sont au loin, aux fonds de verres qu'il fixe toujours intensément. Je l'use Joe. Je le fais devenir vieux avant l'heure, avec mes mots méchants contre son Noki.
- Tu comprends pas …
Bah non tu vois, je comprends pas. Je comprends pas pourquoi tu m'as pas retenue quand je suis partie à la dérive, je comprends pas pourquoi tu m'as pas attendue, pourquoi il a fallu que tu trouves quelqu'un d'autre pour remplir la maison pendant mon absence. Je comprends pas. Je suis pas partie dix ans, seulement deux années, à peine. C'est tellement moins long que le temps qu'on a passé ensemble, ces quatre années à tes côtés, quand j'étais encore petite. J'étais un peu Noki moi aussi, adolescente déjà vieille, accueillie par tes bras puissants, et tes pas déjà tanguant.
- Mais je ne suis PAS coupé en deux, je suis coupé en rien du tout. Je suis entier, un seul. Je suis Joe, celui d’avant, de maintenant, et celui d’après. Ce que tu comprends pas c’est qu’il s’est passé des choses pendant que t’es partie. Moi j’avais besoin de quelqu’un, j’avais besoin d’une béquille, de quelque chose de plus fort que moi pour que je tienne debout. T’es partie et lui est arrivé … Mais il ne t’a JAMAIS remplacée. C’est juste que j’pouvais pas. J’pouvais pas le laisser crever sur les pavés … J’pouvais pas …
Je sais bien Joe, que t'aurais pas pu le laisser, Noki, comme t'aurais pas pu me laisser moi, mourir sur les pavés. Je porte mes mains à mon visage, devant mes yeux, pour masquer un peu l'océan qui menace de déborder. J'aime pas trop repenser au mal que la route m'a fait, à moi qui l'aime tant, qui ai tout quitté pour elle. Et la route, elle m'a amenée au bord du gouffre, heureusement Joe m'a rattrapée avant qu'il ne m'avale et que je disparaisse. Mais s'il avait pas été là, Joe, moi j'existerai plus. J'imagine que c'est un peu pareil pour Noki. C'est ça qui me blesse, ces similitudes dans nos histoires. Joe pouvait pas s'empêcher de ramasser deux gamins comme nous, que la route a presque tué. Je l'entend qui revient vers moi et j'écarte mes mains, je laisse mes bras retomber en croix autour de moi. Joe arrive, et soudain, il occupe tout mon champ de vision. Il prend mon visage entre ses mains, et serre un peu fort, un peu trop.
- Tu l’sais qu’je t’aime, hein ? Tu l’sais, ça ?
Il dit ça avec une voix parkinson, qui tremble fort, et je réponds rien, parce que j'ai peur de dire que parfois, je doute un peu. Quand il met trop de temps entre deux visites, quand il met moins de force dans ses baisers ou ses étreintes, ou que je vois son regard perdu dans le vague, au lieu de me regarder. Moi, Joe, je le dévore des yeux dès que je peux. Alors au lieu de répondre, je me hisse sur mes coudes, et je l'embrasse fort, très fort, pour lui faire oublier Noki, pour lui faire oublier mes années d'absence, lui faire oublier ces instants où il a eu besoin de moi et où j'étais pas là. Je m'en veux un peu, d'ailleurs, d'avoir été tellement égoïste tellement obnubilée par la route que j'en ai oublié, pour quelques moments, de regarder Joe. J'ai pas vu qu'il était aussi à la dérive, qu'il rangeait les bouteilles de plus en plus tard.  
J'ai pas envie de me disputer avec lui, pas envie de continuer à discuter de Noki. Je sais qu'un jour il faudra tout mettre à plat, dire tout ce qu'on a sur le coeur, tous les deux, mais je veux pas que ce soit aujourd'hui. Pas maintenant, pas alors que je le tiens au bout de mes lèvres, que j'ai mes mains dans ses cheveux, et le souffle de plus en plus court.
- Joe, et si on arrêtait de parler de lui aujourd'hui ? On résoudra rien maintenant, et j'ai pas envie de me disputer avec toi...
Je me dégage de son emprise et rampe jusqu'à la table de chevet, où j'ai laissé mes cigarettes. J'en saisi une et la porte à mes lèvres. En deux secondes, je suis debout, puis dehors, sur le balcon qui fait face aux vagues. Je lance un regard à Joe, un petit défi.
- Viens avec moi, on regarde la mer. Tu sais, j'aimerais bien un petit bateau, pas grand-chose, juste un petit bateau pour voyager avec toi, faire le tour des océans, et puis revenir ici quand on sera vieux. T'imagines ? Nos enfants auront jamais vu la terre, on aura passé notre vie sur l'eau... Tu voudrais ?
C'est un peu méchant de parler de la mer et des bateaux, parce que Joe, y a longtemps qu'il veut plus y penser. Mais ça fait toujours moins mal que de parler de Noki, que de se disputer à propos de lui, je crois...
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyJeu 5 Mar - 20:05

Silence.
C’est tout ce qui sort de sa bouche.
C'est-à-dire rien. Ses deux grands yeux qui me regardent, ses deux grands yeux qui expriment des choses que je ne comprends pas. Je ne lui demande pas de se mettre à genoux et de me faire de grandes déclarations brûlantes. Mais j’attends quelque chose, une parole, un geste. Pour me montrer que je fais pas n’importe quoi avec elle, que je l’aime correctement. Ça me noue un peu la gorge. C’est difficile. Faudrait peut-être qu’un jour je lui dise que je suis prêt à l’aimer toute une vie si elle est prête aussi. Que si elle veut je peux l’emmener un peu partout ou bien rester ici pour l’éternité. Ça fait déjà quelques années que je me suis enchaîné à elle.
Son silence se meut en geste. Ses lèvres viennent attraper les miennes et je lui renvoie son étreinte charnelle et j’espère amoureuse. Je ferme très fort les yeux et je me laisse happer par sa bouche. Comme toujours. J’ai jamais eu le courage de la repousser. Et puis elle sait comment me faire taire, elle sait éviter les discussions qui fâchent, celles qui font hurler un coup. Elle se met à m’embrasser, à me toucher de partout, à glisser ses mains sous mes tee-shirts et mes chemises. Moi je cède, je cède toujours.
- Joe, et si on arrêtait de parler de lui aujourd'hui ? On résoudra rien maintenant, et j'ai pas envie de me disputer avec toi...
Je hoche la tête contre elle. Ses mains son dans mes cheveux et ma bouche et ma langue dévorent son cou, sa clavicule, sa joue, son oreille, son front, la courbe de son sourcil, le creux entre ses seins. Son corps je le connais par cœur mais à chaque fois je fais semblant de le découvrir, je fais comme si j’en avais oublié les courbes, les contours et les angles et qu’il fallait tout recommencer. Parcourir le chemin de ses traits avec ma bouche et mes mains, apprendre tout par cœur jusqu’à être capable d’imaginer chaque chose, chaque pore, chaque sensation les yeux fermés.
Babsi s’échappe de mes bras et va attraper une cigarette.
Mes mains ne s’embêtent pas à la retenir.
C’est qu’elles n’ont jamais été capables de retenir quoi que ce soit. Tout s’est échappé d’entre mes doigts toujours entrouverts : Babsi qui a retrouvé la route, le bonheur qui est allé voir ailleurs, les bateaux qui se sont barrés sur l’eau, les couleurs de la vie qui sont parties dans le cœur de quelqu’un d’autre …
Babsi est là-bas, debout. Et je sais ce qu’elle regarde.
- Viens avec moi, on regarde la mer. Tu sais, j'aimerais bien un petit bateau, pas grand-chose, juste un petit bateau pour voyager avec toi, faire le tour des océans, et puis revenir ici quand on sera vieux. T'imagines ? Nos enfants auront jamais vu la terre, on aura passé notre vie sur l'eau... Tu voudrais ?
Là mon visage se décompose, d’un coup.
Les étoiles que Babsi avait déposées dans mes yeux avec sa bouche se sont déjà éteintes. Je me sens pas très bien et j’ai les jambes coton. Je vais m’asseoir au bord du lit. Je me sens comme si la lumière venait de s’éteindre, comme si on appuyait très fort sur ma cage thoracique. J’ai besoin d’air mais la porte est fermée et la seule fenêtre est ouverte sur cette vaste étendue que je ne regarde plus. Mes mâchoires se serrent et se desserrent sans cesse.
- Non.
Je dis d’abord.
Et ma voix le pense, son « non ». Ça résonne fort dans la chambre de l’hôtel, c’est plein de mauvaise volonté. C’est un « non » presque en colère, un « non » qui ne veut pas, qui proteste, qui refuse.
- Je veux pas, non. Je veux pas la revoir, la mer. Je veux pas retourner dessus, j’ai pas envie. J’ai pas envie de tout ça. J’voudrais mieux qu’elle se retire bien loin de moi.
C’est l’une des rares fois où je dis non à Babsi.
Parce que le jour où elle voudra partir, où elle voudra prendre la mer à défaut de la terre, je ne la suivrai pas. Je resterai sur la plage à regarder son bateau s’en aller, mais je ne la suivrai pas. J’suis pas un marin, j’suis plus un marin. J’ai arrêté, tout ça. J’ai arrêté de regarder le soleil dans les yeux, j’ai arrêté de sortir sur le pont d’un bateau en pleine tempête, j’ai arrêté d’être un gosse, j’ai arrêté d’aimer la mer, de regarder les bateaux, les oiseaux, le ciel. Mes yeux ne savent regarder que ceux qu’ils aiment : Babsi et Noki. Sinon j’ai le visage tourné vers les pavés, vers le fond de mon verre, vers la télé. La passion s’est barrée, loin, elle a pris le large, elle s’en est allée.
Mais, eh, ça va, non ?
Non. Non, ça ne va pas très bien en fait.
Je me lève d’un coup, je vais au milieu de la pièce, j’ai les poings serrés.
Je crie sur son dos.
- Pourquoi Babsi mais pourquoi tu me demandes des choses comme ça ?
Elle a pas pu oublier, quand même. L’incapable que je suis. Ou alors elle fait exprès, elle veut me faire sortir de mes gonds, me rendre fou puis calmer l’orage avec son flot de caresses.
Moi je sais plus faire.
Je suis plus capable de partir à l’aventure.
J’ai pris racine.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyVen 6 Mar - 16:40

Je la regarde, la mer, et je me dis qu'elle est pas aussi belle que la terre, que la route. Que ma route amoureuse.
Je vois pas trop ce que Joe a pu lui trouver, elle est trop lisse, trop salée, je sens son goût sur ma langue, là, et j'ai envie de rentrer et de fermer la fenêtre pour m'y soustraire. Et puis la mer, elle se confond beaucoup avec le ciel ces derniers temps, ils sont tous les deux gris, d'un gris foncé, violent, qui rend tout plus lumineux. Ça m'agresse un peu les yeux, alors je baisse un peu le nez et fixe mes avant-bras croisés sur la rambarde de fer. J'entends Joe qui s'agite sur le lit, je lui jette pas un regard. J'ai déconné. Je sais qu'il faut pas lui en parler, des bateaux, de la mer, du large. Joe faudrait lui parler de Noki, lui parler de nous, et puis c'est tout. Lui parler un peu des livres qu'il m'a aidé à lire, des pays(ages) que j'ai vu. Mais pas la mer, ça non, il veut plus en entendre parler. Et moi j'ai dit que je voulais emmener nos gosses dessus. Non mais toi, Babsi, t'es devenue tarée ? La blague, Joe et les gosses sur la mer. Jamais ça arrive Babsi, sauf dans tes rêves. Faudrait l'enchaîner, le géant, pour le faire monter à nouveau sur un pont. Jamais il y remettrait les pieds tout seul, comme un grand. Même si je supplie, tempête, gronde et menace de partir, il reviendra jamais sur la mer.
- Non.
Le mot claque, sec, court, qui fait un peu mal. Jamais Joe dit non à Babsi. C'est dans l'ordre des choses, ça fait partie des trucs un peu inexplicables de l'univers. Quand j'suis partie, Joe a pas dit non, non tu pars pas, non tu restes là. Quand j'suis revenue, il a pas dit non, non tu rentres pas, t'as voulu partir maintenant t'assumes. Je suis pas habituée à Joe qui dit non. Je me retourne toujours pas, je sais qu'il va pas en rester là. Joe, il explique toujours chaque mot qu'il dit, comme s'il essayait de tout justifier. Ou qu'il essayait de se convaincre lui-même, je sais pas trop.
- Je veux pas, non. Je veux pas la revoir, la mer. Je veux pas retourner dessus, j’ai pas envie. J’ai pas envie de tout ça. J’voudrais mieux qu’elle se retire bien loin de moi.
Je lève le nez et tourne la tête vers Joe. Malgré la force dans sa voix, le poids qu'il met dans chaque mot pour me les faire comprendre, il est assis sur le lit, comme s'il arrivait pas à tenir debout. Je me détourne, pour pas être tentée de l'enlacer. Il est plus fragile que sa carrure et sa grosse voix peuvent le laisser croire. Mais je croyais pas que c’était à ce point, au point que l’évocation de la mer lui coupe les jambes comme ça. La mer, c’est un peu la phobie de Joe, maintenant. Il a peur d’elle, comme j’ai peur de rester enfermée. Il avait pas peur comme ça avant. Il m’a un peu raconté, et y avait encore une petite flamme de passion dans sa voix, dans ses mots. Maintenant y a plus rien. Joe, c’est l’histoire d’un homme que sa peur bouffait tout cru.
- Pourquoi Babsi mais pourquoi tu me demandes des choses comme ça ?
Je sursaute et laisse tomber ma clope à mes pieds. Lentement, je me baisse pour la ramasser. Faut pas que je montre à Joe que l’entendre me crier dessus, ça m’ébranle. J’aurai pas dû lui parler de la mer désamoureuse. J’aurai dû dire excuses moi, j’suis désolée, t’as raison, on s’approche plus de la mer, regardes, on va même partir encore plus loin dans les terres, on va s’éloigner le plus possible de l’eau, pour que plus jamais t’aie à la regarder. Mais je peux plus rattraper mes mots, faut assumer. J’ai pas le choix, je vais devoir me retourner et faire face à Joe. Je le fais. Il est planté au milieu de la chambre, ses poings serrés un peu tremblants. Je reste accoudée à la rambarde. J’ai mal au cœur de le voir comme ça.
- Pourquoi tu restes ici, dans un vieux port, si tu la supportes plus, la mer ? Pourquoi tu pars pas, pourquoi tu viens pas avec moi ? On est pas obligés de rester planter là, on peut vendre la maison et quitter la mer.
C’est une idée un peu folle, peut-être. Je sais que Joe, il voudra jamais quitter sa maison, surtout maintenant qu’il y a installé Noki. Il voudra pas quitter le bar, aussi, ni le fond de son verre. Joe, Joe, Joe, qu’est-ce que je vais faire de toi ? Tu soutiens Noki, t’es son pilier fondateur, sa béquille pour se reconstruire. Mais, toi, qui t’aide à redevenir Joe, le vrai, celui d’avant les bateaux voyageurs, celui d’avant les bateaux qui voguent vers ailleurs, loin d’ici.
Je lève un regard un peu froid sur Joe. On a pas grand-chose en commun, lui et moi, c'est à se demander comment on peut s'aimer. J'aime partir à l'aventure, me frotter à la vie, alors que j'ai pas la carapace pour. Joe, lui, il est taillé pour prendre à bras le corps les montagnes et les déplacer de cent kilomètres, s'il veut. Mais au lieu de ça, il reste statique, il reste dans le confort de ses doutes et de son verre cent fois vidé.
- Tu vas pas rester ici toute ta vie Joe, si ? T'es déjà presque mort alors que t'es même pas vieux. Tu peux pas faire ça, tu peux pas dire que ta vie se termine ici, au fond de ta bouteille de whisky. J'vais pas te laisser faire ça, crois-moi. J'vais revenir à la maison et tout briser, tes bouteilles, tes vieux souvenirs qui font mal...
J'ai un peu élevé la voix, mais j'ai pas crié. Je veux pas crier sur lui, pas quand il est presque à genoux, à l'intérieur de lui, à cause de moi.
J'voudrais être ta carapace, Joe.
J'voudrais te protéger des souvenirs de bateaux aux mats coupants, des éclats de verre trop souvent lâchés pour cause de doigts ensommeillés.
J'voudrais t'aimer encore plus fort.

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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyDim 8 Mar - 15:20

J’aime pas. J’aime pas ça, être un Joe en colère, un Joe impuissant, un Joe évanoui sous le flot des émotions. Ce Joe là, je sais bien que c’est pas moi. Je sais que c’est quelqu’un d’étranger, quelqu’un qui en a assez, quelqu’un qui n’en peut plus et quelqu’un qui n’est plus maître de lui-même. Et aujourd’hui, là, maintenant, c’est ce qu’il se passe. Je suis un étranger et je suis en colère, je suis en colère parce que j’ai beau crier, hurler, dire, expliquer mais personne ne m’écoute. Normalement je suis pareil à un roc, il ne se passe pas grand-chose sur mon visage, quelques sourires parfois et de rares étincelles au fond des yeux mais jamais la voix qui s’élève pour dire des mots qui blessent et font du mal.
Je comprends pas non plus ce qu’il se passe dans la tête de Babsi.
Je sais pas pourquoi elle s’acharne, comme ça. Elle sait bien, pourtant. Elle sait bien que la mer je veux plus la voir, que les bateaux me font presque peur, que l’étendue infinie me fait reculer parce qu’on a arrêté de se regarder elle et moi.
J’ai vu ses épaules s’agiter dans un sursaut et ça me fendille un peu le cœur. Faut pas qu’elle ait peur de moi, ma Babsi, faut pas qu’elle s’inquiète. J’ai juste besoin de remettre les choses en ordre dans ma tête, de me calmer. Et après ça ira mieux, je le jure que ça ira mieux, que je vais arrêter de crier, de paniquer dès qu’on me parle de l’océan.
Prends une profonde inspiration, Joe.
Voilà, comme ça.
Babsi se retourne et s’appuie contre la rambarde du balcon.  Je la regarde et mes yeux supplient ils disent excuse-moi, excuse-moi, excuse-m o i.
- Pourquoi tu restes ici, dans un vieux port, si tu la supportes plus, la mer ? Pourquoi tu pars pas, pourquoi tu viens pas avec moi ? On est pas obligés de rester planter là, on peut vendre la maison et quitter la mer.
Je secoue la tête comme pour dire non, un peu comme font les enfants.
- Tu vas pas rester ici toute ta vie Joe, si ? T'es déjà presque mort alors que t'es même pas vieux. Tu peux pas faire ça, tu peux pas dire que ta vie se termine ici, au fond de ta bouteille de whisky. J'vais pas te laisser faire ça, crois-moi. J'vais revenir à la maison et tout briser, tes bouteilles, tes vieux souvenirs qui font mal...
Sa voix se fait plus forte.
Comme si elle essayait de se convaincre que c’est possible, qu’elle est capable de me changer. Qu’avec ses paroles, ses mains et ses yeux elle va me transformer, me faire homme neuf, homme nouveau, prêt à retourner à l’assaut du monde et peut-être même de la mer. Moi j’aimerais y croire, j’aimerais me plonger dans ses jolies paroles, à Babsi. Mais je peux pas, j’suis pas capable. J’ai tellement perdu l’habitude de rêver et de lever les yeux vers le ciel que j’ai l’impression qu’on me demande quelque chose qui ressemble à l’impossible.
Je peux pas partir.
Je peux pas laisser Noki tout seul.
- Mais j’ai pas envie de partir …
C’est pas ça qu’il me faut.
Ce qu’il me faut c’est un coup de pied au cul, une bonne dose d’adrénaline, quelque chose qui me fera tenir debout pour le siècle à venir. C’est comme ça que ça marche. Je m’avance vers elle et je viens serrer Babsi très fort contre moi. J’ai une main dans sa nuque et l’autre dans le milieu de son dos et j’enfonce mon visage dans l’espace entre son cou et son épaule. J’ai les yeux qui piquent et qui son très humides.
Je crois que je vais pleurer.
Mais ça arrive, non ?
Ça arrive au plus grands, aux plus forts, aux meilleurs, aux plus vieux. Je suis d’aucun de ceux-là mais j’ai le droit de pleurer moi aussi. Même si je suis un homme, même si je suis un faux-mari et un faux-père, j’ai le droit de pleurer, non ? Babsi ne voit pas mon visage alors j’ai le droit. Je laisse mes deux marées hautes monter jusqu’aux paupières et déborder un peu.
Je ferme les vannes.
Je reste là contre elle pendant une période de temps qui doit bien ressembler à une petite éternité.
- J’suis désolé Babsi, mais je crois que je suis un homme foutu, trop à l’envers pour pouvoir un jour être remis à l’endroit. Mais j’veux bien faire des efforts pour me redresser, pour t’aimer mieux …
Je caresse ses cheveux tout en parlant.
Je la relâche et prends son visage dans mes mains. Je dois encore avoir les yeux plein d’eau de tout ce que je n’ai pas pleuré. Je l’embrasse très fort, comme pour me donner de la contenance, comme pour donner de l’appui et du poids dans mes mots.
Ça va aller, hein ?
Il suffit de s’accrocher un peu Joe, il suffit seulement que tu t’accroches, que tu serres tes poings comme tout à l’heure …
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyDim 15 Mar - 17:41

Je me souviens de Joe quand il m'a ramassée.
J'étais malade, presque morte, tuée par la route. Moi, c'est pas mes parents ou la vie qui m'y ont mise, c'est moi seule. Moi seule qui ai dit salut, j'reviendrais peut-être dans quelques années, mais comptez pas trop là-dessus quand même. Et de fait, j'suis jamais revenue chez mes parents. Ça fait six ans maintenant, et entre temps, j'ai eu le temps d'apprendre à l'aimer, la route. Elle me l'a pas toujours rendu, en me perdant par exemple, en se dérobant sur mes pas, en enfonçant dans mes pieds nus des cailloux coupants, qui te refilent des infections, des maladies qui te collent une fièvre d'enfer et te quittent en t'enlevant quinze kilos. C'est comme ça que Joe m'a trouvée. Il a eu qu'à me soulever pour m'emporter, tellement j'étais légère. Même maintenant, je suis sûre qu'il aurait pu me porter d'une seule main, tellement il était fort, mon Joe.
Aujourd'hui, c'est à moi de le porter, de le soulever. Parce qu'il a plus la force de le faire tout seul, que la mer l'a trop vidé.
La mer et l'alcool.
J'ai dit que j'allais tout régler, tout briser, mais la vérité, c'est que je sais pas trop comment je vais faire ça. Je suis pas magicienne moi, toute seule, je suis pas sûre d'y parvenir.
C'est que retaper un Joe comme ça, ça se fait pas tout seul. Ça demande du temps, de la présence. Et moi je suis jamais là, y a que Noki chez Joe. Je peux pas demander à un gamin de faire ça. Il est trop jeune pour avoir la responsabilité d'une entreprise aussi grosse que de remettre Joe sur ses pieds. C'est à moi de le faire. Mais d'ici, de l'hôtel, je peux rien du tout. Je vais devoir rentrer, pour de vrai. Ravaler ma fierté et accepter de cohabiter avec Noki. J'ai pas le choix. Joe compte plus que tout le reste, plus que mes petits caprices, que ma colère puérile contre son protégé.
Je lève un regard triste sur Joe, et je croise ses yeux perdus, qui savent pas où regarder parce qu'ils ont perdu l'habitude de se poser sur la mer, sur le ciel. Je serre les lèvres et ravale un gémissement. J'ai tellement mal de le voir comme ça.
- Mais j’ai pas envie de partir …
Et en deux enjambées il me serre dans ses bras, avec ses grandes mains sur mon corps, son nez enfoui dans mon cou, et ses épaules tremblantes. Il pleure doucement, et ça me retourne le cœur. Avant, c'est moi qui pleurait, parfois, quand je me battais contre l'appel de la route, et que je ne voulais pas y retourner, parce que ça voulait dire quitter Joe. Maintenant, c'est lui qui pleure, et moi qui le soutient.
Je passe une main dans ses cheveux, pendant que l'autre caresse sa nuque tendrement. Il est pas plus grand que moi Joe, mais le poids de ses larmes est tel qu'il se casse en deux pour s'appuyer sur mon épaule.
- J’suis désolé Babsi, mais je crois que je suis un homme foutu, trop à l’envers pour pouvoir un jour être remis à l’endroit. Mais j’veux bien faire des efforts pour me redresser, pour t’aimer mieux …
Il recule et m'embrasse fort. J'ai juste le temps de voir l'océan au bord de ses cils et les rivières qu'ont creusé les larmes sur ses joues, avant de me laisser faire. Est-ce qu'il a pleuré comme ça, quand je suis partie ? Est-ce qu'il a eu mal comme ça ? Ou est-ce qu'il y a que la mer pour lui faire cet effet ? Ah, allez, j'veux pas le savoir. Je veux juste qu'il arrête de pleurer, qu'il soit heureux. Alors mes mains s'agrippent à sa nuque, et je me serre contre lui, sans rompre le baiser. J'voudrais que ça dure toute la vie comme ça, Joe et moi embrassés l'un contre l'autre. Qu'on ai plus à se soucier de la mer, de la route, d'où on vit, avec qui. De toute façon, au final, c'est juste Joe et moi, comme au début, comme quand il m'a ramassée. Je finis par le lâcher un peu, juste un peu, je garde mon front collé au sien, mes yeux plongés dans le brun des siens.
- D'accord... Si tu veux on reste, on part pas. Mais moi, je rentre avec toi, Joe. Je te laisse pas faire le travail tout seul. Ça va être trop difficile, même si t'es fort, au fond. Alors je rentre avec toi à la maison, je vais essayer avec Noki...
Essayer, c'est un grand mot. Parce que si je rentre, c'est pour Joe, pas pour le gamin. Lui, je m'en fous, il m'intéresse pas. Tout ce qui compte, c'est de guérir Joe. Que Noki fasse ce qu'il veut, moi je serais occupée avec mon marin boiteux.
- Je sais pas si j'arriverais à m'entendre avec lui tu sais, parce que je lui en veux toujours un peu d'être là, mais t'auras besoin de deux béquilles pour réapprendre à vivre. Alors voilà... Tu veux bien, que je revienne ?
Tu parles Babsi, comme si Joe allait dire non. Ou alors, y a pas que Noki, et Joe il te l'a pas dit, et là, il va faire non mais attends Babsi, entre temps la maison s'est transformée en orphelinat municipal, et t'auras pas que moi à t'occuper. Je crois que même ça, je pourrais le supporter, maintenant que j'ai décidé que Joe, j'allais le rendre homme à nouveau. J'agrippe le col de sa chemise et je l'embrasse encore, pour le convaincre de me laisser revenir, et pour pas ravaler mes mots, pas revenir sur ce que j'ai dit.
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MessageSujet: Re: spleen. (joe)   spleen. (joe) EmptyDim 22 Mar - 14:46

Je la tiens très fort contre moi, ma Babsi. Comme si d’un coup, j’avais peur qu’elle s’en aille, qu’elle saute par la fenêtre pour rejoindre la route, sa réelle bien-aimée, dans l’histoire. Je la tiens très fort et je sens l’odeur de ses cheveux et de sa peau, je sens chaque morceau d’elle et je voudrais que ça dure quelque chose comme toujours. Ses mains s’accrochent à ma nuque très fort et je me transforme en roc solide pour quelques secondes, comme pour lui montrer que je suis capable. Que je suis capable de ne pas m’effondrer, qu’il m’arrive de réussir à tenir debout.
Puis l’étreinte se desserre tout doucement.
(on dirait qu’il fait plus froid)
Son front tombe contre le mien et on s’observe, droit dans les yeux, on se regarde très fort et j’y vois une détermination très grande et très forte au fond de ses pupilles. Je sais déjà qu’elle va me dire quelque chose d’important, quelque chose qui va peut-être me retourner dans tous les sens. Elle est forte pour ces choses-là, Babsi. Mais maintenant je sais l’anticiper, je connais les signes qui ne trompent pas et je peux mieux me préparer.
- D'accord... Si tu veux on reste, on part pas. Mais moi, je rentre avec toi, Joe. Je te laisse pas faire le travail tout seul. Ça va être trop difficile, même si t'es fort, au fond. Alors je rentre avec toi à la maison, je vais essayer avec Noki...
Elle a dit qu’elle allait essayer avec Noki.
J’ai de l’incrédulité dans les yeux, j’ai du mal à réaliser, à la croire. J’ai une boule dans le ventre parce que je me demande comment elle fait. Comment elle fait pour se sacrifier comme ça, pour prendre sur elle comme ça, enjamber le monde ou alors se jeter dedans. On dirait que Babsi n’a jamais peur, on dirait qu’elle est capable de tout, qu’elle est très forte, que rien n’est susceptible de lui arriver. Moi je crois que si elle est comme ça, c’est parce qu’elle a vu et vécu des millions de choses par rapport à son âge (c’est encore une enfant, ma Babsi, mais une enfant marquée par des kilomètres et des kilomètres d’asphalte).
- Je sais pas si j'arriverais à m'entendre avec lui tu sais, parce que je lui en veux toujours un peu d'être là, mais t'auras besoin de deux béquilles pour réapprendre à vivre. Alors voilà... Tu veux bien, que je revienne ?
Je peux pas m’en empêcher.
De sourire.
Ça tire sur mes lèvres mais c’est sincère. C’est un sourire du cœur, ils sont pas nombreux, ceux-là. Je hoche la tête, je hoche la tête pour dire oui, je veux bien que tu reviennes. Mais la porte lui a toujours été ouverte, à Babsi, c’est juste qu’elle n’a jamais voulu la passer.
Elle m’embrasse encore et je lui rends un baiser parfum-sourire.
- Merci, merci, merci, merci …
Merci pour un tas de choses.
Je peux essayer de les lister, mais ça va être difficile, je vais sûrement oublier des éléments. Merci d’être là, merci de faire des efforts, merci d’essayer, merci d’exister, merci de m’aimer, merci d’avoir choisi Joe plutôt que la route, merci de revenir pour de bon, merci d’accepter Noki (…)
Merci.
C’est rien que deux toutes petites syllabes. Mais c’est quelque chose d’immense, ce mot. Et quand je le prononce dans son oreille, j’y mets beaucoup de force, pour qu’elle sache tout ce que je pense. Je sais que c’est difficile pour elle, cette décision. Je sais combien c’est dur pour Babsi de devoir autant prendre sur elle et faire l’effort de devoir vivre sous le toit d’un garçon qu’elle ne connaît pas mais qu’elle n’aime pas.
Mais moi j’ai bon espoir.
Je sais que ça se passera bien.
Je veux être une famille avec eux, avec ma femme d’un côté, mon fils de l’autre.
Je l’attire contre moi et je la dépose sur le lit, sur les draps. Je caresse son visage avec mes mains. D’abord le front, puis les tempes, le nez, les paupières, le menton, la bouche. Puis mes lèvres dans son cou, sur sa clavicule.
- Ça va aller mieux, j’te le jure … J’aurai les deux meilleures béquilles de l’univers avec moi pour me réapprendre à marcher …
Ça va être quelque chose.
J’en suis sûr.
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